En 2024, la France affiche pour la première fois trois paires en quarts de finale des doubles aux Championnats d’Europe de badminton, un seuil rarement franchi par les nations non asiatiques dans l’histoire moderne de la discipline. La fédération européenne a modifié le système de qualification, permettant à davantage de jeunes joueurs d’accéder au tableau principal, bouleversant ainsi l’ordre établi.
Certains favoris ont été éliminés dès les premiers tours, tandis que de nouveaux visages français sont parvenus à se hisser parmi l’élite. Ce renouvellement soulève des perspectives inédites pour la scène tricolore.
Plan de l'article
Où en est le badminton français sur la scène européenne ?
Depuis dix ans, le badminton français tente de bousculer la hiérarchie du continent. L’histoire tricolore dans ce sport n’a jamais suivi un long fleuve tranquille, mais la dynamique actuelle s’inscrit dans un mouvement ascendant. Les championnats d’Europe font figure de véritable révélateur. Et, désormais, une nouvelle génération refuse de se contenter d’un rôle d’observateur.
Certes, la France n’est pas encore au niveau du Danemark, géant nordique, ni de l’Angleterre, pionnière du badminton. Mais elle a rejoint les nations capables d’atteindre régulièrement le dernier carré, que ce soit en simple ou en double. Les résultats parlent : la présence de plus en plus fréquente de joueurs tricolores en quarts, surtout dans les doubles, dessine un socle beaucoup plus solide qu’auparavant.
Quelques éléments concrets illustrent cette tendance :
- Stabilité des collectifs, notamment dans les doubles hommes et mixte
- Présence régulière en phases finales depuis 2018
Cette montée en puissance repose sur une structuration renforcée de la formation, une densité accrue de talents et une approche plus pointue de la préparation. Les clubs, longtemps chacun dans leur coin, travaillent désormais main dans la main avec la fédération. Cette évolution permet aux meilleurs Français de se mesurer sans complexe aux autres grandes nations. Mais la marche reste haute : transformer les coups d’éclat en performances durables, voilà le prochain défi.
Les performances marquantes des joueurs tricolores lors des dernières éditions
Au fil des saisons, certains noms se sont imposés comme de véritables références du badminton hexagonal. Toma Junior Popov a réussi à s’inviter à la table des meilleurs en simple hommes. Son titre européen conquis à Kiev en 2021 a mis fin à l’hégémonie danoise et ouvert une nouvelle voie. Son frère cadet, Christo Popov, n’est pas en reste : déjà habitué aux quarts de finale, il fait preuve d’une constance rare à son âge.
En double mixte, Thom Gicquel et Delphine Delrue se sont frayé un chemin jusqu’en finale continentale en 2022 à Madrid, s’inclinant face aux Danois Christiansen-Bøje. Leur complicité technique et leur maturité tactique leur ont permis d’intégrer le top 10 mondial, une performance longtemps inimaginable pour une paire française.
Du côté des doubles hommes, Adam Léo Rossi et Eloi Adam franchissent régulièrement le cap des huitièmes, preuve que le vivier s’élargit. La relève s’annonce prometteuse, à l’image d’Alex Lanier, demi-finaliste chez les juniors, dont l’explosivité et le sens du jeu frappent déjà les observateurs. Sans oublier Margot Lambert et Camille Pognante, qui tracent leur route en double dames et se rapprochent des meilleures de leur génération.
À chaque édition, le badminton français progresse, porté par des individualités qui transforment leur expérience en résultats concrets pour l’ensemble du collectif.
Quels obstacles et leviers pour franchir un nouveau cap ?
Si quelques figures marquantes ont émergé, le badminton français se heurte encore à des limites structurelles qui freinent sa percée internationale. La rareté de joueurs capables de se maintenir dans le top mondial, à l’image de Brice Leverdez longtemps seul dans le top 30, montre la difficulté à s’installer durablement parmi l’élite. La transition entre générations, amorcée mais pas achevée, pèse aussi sur la capacité à tenir tête aux effectifs solides des nations nordiques ou allemandes, où chaque sélectionneur dispose de plusieurs joueurs rodés à l’intensité des grandes compétitions.
Le collectif, lui aussi, manque parfois d’expérience lors des grands rendez-vous. Les parcours des Popov, d’Alex Lanier ou de leurs coéquipiers dans les championnats du monde s’arrêtent souvent trop tôt pour véritablement peser. L’écart, sur le classement mondial, entre les meilleurs Français et les ténors asiatiques ou danois reste significatif.
Face à ces constats, la fédération française a tracé plusieurs pistes :
- Renforcer l’encadrement et le suivi des joueurs sur le plan technique
- Multiplier les compétitions domestiques de haut niveau
- Miser sur la formation précoce dès les premiers pas en club
L’expérience de Brice Leverdez, sa longévité dans le top mondial, constitue un point d’appui. Mais l’objectif est désormais de voir apparaître d’autres profils capables de rivaliser au sommet. La solution passe par une dynamique collective, un accompagnement structurant et des conditions de progression inspirées de ce qui se fait au Danemark ou en Indonésie.
Cap sur l’avenir : espoirs, jeunes talents et ambitions du badminton français
L’attention se porte désormais sur la jeune garde. La fratrie Popov, Toma Junior et Christo, incarne cette nouvelle génération qui ne s’incline plus devant le destin. Leurs apparitions régulières en quart de finale sur la scène européenne donnent du crédit à l’idée d’une équipe de France capable de troubler l’ordre établi parmi les grandes nations du badminton européen.
Le parcours d’Alex Lanier ne laisse personne indifférent. Précoce, audacieux, capable de résister à la pression, le jeune Normand, titré chez les juniors en 2022, a déjà fait forte impression lors des championnats d’Europe. Les responsables fédéraux suivent de près son évolution, convaincus qu’il pourrait devenir le porte-étendard du collectif tricolore. En double mixte, Delphine Delrue et Thom Gicquel continuent d’apporter des points précieux au classement mondial et offrent régulièrement à la France une place de choix lors des compétitions majeures.
Voici quelques forces vives sur lesquelles le badminton français peut s’appuyer :
- Toma Junior Popov : puissance, expérience, capacité à se sublimer lors des grands rendez-vous
- Christo Popov : panache, audace, envie de bousculer la hiérarchie
- Alex Lanier : fraîcheur, rapidité, intelligence tactique
Face à cette équipe montante, la fédération investit dans la formation et l’accès régulier à la compétition internationale. L’objectif : installer durablement plusieurs joueurs dans le top 30 du classement mondial et viser, à terme, les plus hauts podiums. Le futur du badminton français s’écrit à la croisée des ambitions individuelles et de l’exigence collective. Reste à transformer ces promesses en conquêtes, pour que la France ne soit plus simplement invitée aux quarts, mais bien actrice des finales européennes.